Veronica (FR)

Veronica


Ah, Veronica. Elle prétendait que la lune est creuse. Au début je crus qu’elle se moquait de moi, mais son regard sérieux et la façon ardente de défendre ses propos disaient tout le contraire. Il fut un temps où la lune était remplie d’eau, mais d’une façon ou d’une autre il y eut une fuite et toute cette humidité descendit sur terre. Son insistance avait de quoi me soûler. En fait, j’aurais dû m’en douter, en lisant sur son profil social qu’elle aimait le yoga kundalini et la musique d’ambiance. J’aurais dû l’écarter immédiatement.
Mais nous étions assis là, ayant à peine entamé l’entrée. J’aurais dû m’en aller tout de suite et dire que c’était une erreur. Mais sa robe fuseau turquoise et le reflet chaud des bougies sur son visage la rendaient irrésistible. Qu’elle racontait des inepties et qu’elle aurait dû apprendre à employer ses méninges, ça je n’osais pas le lui dire. Ni que je n’avais plus baisé depuis deux mois et que je souhaitais finir au lit avec elle. Je fis mine de m’intéresser et dis qu’il y a encore tant de choses inconnues dans l’univers, et que notre cerveau est trop petit pour cerner le grand mystère de la vie. Je résistai jusqu’au dessert, payai l’addition et lui demandai si elle m’accompagnait à la maison. Elle rejeta poliment ma proposition, prétendant qu’elle me trouvait sympa et gentil, mais sans plus d’affinités. Je lui dis que moi aussi je la trouvais sympa et gentille, que je regrettais qu’il n’y ait pas plus d’affinités, mais qu’elle rencontrerait certainement encore son prince charmant.


En arrivant chez moi je me sentais misérable, je me branlai et me sentis encore plus misérable.
Par la fenêtre, je vis la pleine lune. Je pris des jumelles et observai les cratères de lune.
Ah, belle et creuse Veronica.