Anna n’avait rien remarqué. Elle s’était endormie dans son transat. Les sauveteurs délivrèrent son enfant ensevelie sous le sable. La fillette tenait encore sa petite pelle rouge dans les mains. Mais tout secours arrivait trop tard.
Anna n’alla plus jamais à la mer. L’idée seule la rendait déjà malade. Elle zappait les spots télévisés qui montraient des gens joyeux à la plage. Le cri des mouettes lui fendait le coeur. Elle partit encore en vacances, mais toujours haut dans la montagne, proche du ciel. Anna survécut quatre-vingt un ans à la fillette.
Dans son testament on pouvait lire dans l’écriture tremblante d’une personne très âgée:
Je ne veux PAS être enterrée, mais incinérée.
Mes cendres ne peuvent EN AUCUN CAS être dispersées en mer.
© Joris Vermassen